Au cours des deux dernières années, les progrès fulgurants de l’intelligence artificielle et en particulier de l’IA générative ont transformé profondément les stratégies de contenu des entreprises.
En propulsant des outils de traduction de sites web d’un nouveau genre, celle-ci a notamment rendu plus accessible l’internationalisation de nombreuses marques. Pourtant, l’IA est loin d’être une panacée et peine à atteindre les standards suffisants pour adapter la communication autour d’un produit à de nouveaux marchés cibles. Pour réussir cette phase décisive dans le succès d’un produit à l’international, un équilibre doit donc être trouvé entre les atouts de l’IA et ceux de traducteurs humains.
Une accélération sans précédent
Plus de 70% des professionnels du numérique utilisent régulièrement ChatGPT et 29,8% l’utilisent spécifiquement pour traduire des contenus de communication. C’est ce que révèle une enquête menée en mai 2024 sur 1 045 professionnels du secteur. Ces chiffres démontrent une transformation profonde des méthodes de traduction de sites web et une accélération sans précédent du recours à la traduction algorithmique, alors même qu’ils ne concernent qu’un seul outil d’IA générative. Pour expliquer leur choix, les professionnels intégrés invoquent bien sûr un gain de productivité conséquent. De fait, cette généralisation de l’IA a considérablement accéléré les localisations de sites web. Elle pourrait cependant contribuer par la même occasion à une baisse de leur efficacité.
De la traduction à la localisation
La localisation d’un site web n’est en effet pas une simple question de précision linguistique mais bien une mission de dialogue interculturel. Si le défi de la traduction consiste à rester fidèle au texte original, celui de la localisation réside au contraire dans l’adaptation des contenus du site à une autre culture nationale, à ses coutumes, son contexte historique, ses métaphores et ses connotations spécifiques. Il s’agit là du cœur de métier du marketing international, par lequel une marque s’attache à toucher de nouveaux publics en s’adressant à eux de façon spécifique et non en répliquant un discours standardisé à l’échelle mondiale. Or, les outils d’intelligence artificielle ne sont pour l’instant pas capables de remplir cette mission si délicate nécessitant une connaissance fine du marché visé.
Quelle qualité minimale pour atteindre ses objectifs SEO ?
Cette tâche est d’autant plus critique dans le cadre de la traduction de sites web qu’elle a un impact majeur sur la qualité de leur référencement par les moteurs de recherche. Atteindre des objectifs SEO élevés implique en effet de choisir avec soin un certain nombre de mots-clés correspondant simultanément à une stratégie de marque et aux spécificités du marché local. La qualité de la traduction joue par ailleurs elle aussi un rôle décisif dans la réussite d’une stratégie de référencement. C’est ce qu’a notamment précisé John Mueller, directeur de l’équipe Search Relations chez Google. Interrogé sur les éventuels désavantages qui pourraient souffrir les sites aux contenus majoritairement générés par l’IA, il a ainsi affirmé que seule la qualité globale des textes et de leur traduction comptait. Pour atteindre une qualité suffisante, il recommande également aux marques utilisant l’IA d’avoir exclusivement recours à des évaluateurs humains indépendants.
Trouver l’équilibre entre réduction des coûts et qualité des contenus
La réussite de la localisation d’un site et en particulier d’une stratégie SEO locale exige ainsi plus qu’une traduction efficace du texte d’un site web. Google suggère donc d’utiliser avec précaution la traduction basée sur l’IA. L’intervention d’experts humains combinés à la traduction automatique représente de ce point de vue un compromis stratégique entre opportunité de réduction des coûts, gains de productivité et qualité des contenus. Dans le domaine de la traduction comme ailleurs, l’homme et la machine restent, au moins pour quelques années, complémentaires.